Nos compétences à votre service

Ils sont jeunes et ils sont beaux. Ils ont des compétences et des idées. Ils sont sérieux et en réunion, même s’ils sont amis, ils se remercient quand ils se passent la parole. Raymond, Alain et Hervé aspirent à aider à la construction d’un Burkina plus solidaire et plus responsable. Aperçu d’une rencontre avec les forces montantes de l’Afrique.


Nous nous sommes donnés rendez-vous dans la cour du Centre Polyvalent du quartier Sanyiri de Ouagadougou où nous avons élu domicile depuis quelques jours. A l’ombre des grands arbres, le cercle formé par les chaises accueille :


- les fondateurs de l’IRJEF - Initiative de Recherches Juridique, Economique et Financière - à l’origine de la rencontre,

- l’ONG Oasis sahélien, le projet Cité main tendue aux enfants perdus et un étudiant en 3ème cycle à la Faculté de Droit, rencontrés quelques jours plus tôt et intéressés par le parcours et les objectifs poursuivis par l’IRJEF,

- et l’équipe mobile de Traversées.



Naissance et sens de l’IRJEF
Raymond :« L’IRJEF est une association née en novembre 2003. Elle s’est constituée sur la volonté de trois amis qui exerçaient dans les domaines du droit, de l’économie, des finances et disciplines assimilées. Elle est apolitique et évidemment ouverte à tous, et à tout type de propositions de collaboration et de partenariat.

Notre vision est simple : nous pensons qu’on ne peut envisager un développement durable de la société burkinabè, et plus largement de l’Afrique, sans développer et renforcer au sein des populations les plus démunies une conscience citoyenne et le sentiment de participer à la construction du monde qui nous entoure.

Dans ce sens nous souhaitons défendre et permettre l’accès à une information de qualité, compréhensible par tous, particulièrement sur les questions de droit, de justice, d’égalité devant la loi. Cela nous paraît être un pas non négligeable vers la démocratie et la responsabilité, tant individuelle que collective.

Mettre nos compétences et notre expérience au service des élèves et des étudiants ainsi qu’au reste de la population fait aussi partie des objectifs que nous poursuivons. Tous les membres de l’IRJEF sont issus de cursus universitaires ou supérieurs, ce qui dans une société en développement est une chance, nous en sommes conscients. Aussi, nous paraît-il normal de partager cette chance avec le reste de nos concitoyens et de renforcer la formation de jeunes juristes et économistes et de contribuer au développement du pays.

Parallèlement, nous essaierons de mettre en place une commission de veille juridique, économique et financière qui sera en capacité de donner un avis, sur demande ou d’office, sur les projets de loi, les orientations budgétaires du pays ou encore la gestion des finances publiques locales...

Enfin, dans un contexte de mondialisation, l’association doit pouvoir participer à l’harmonisation et à l’unification du droit en Afrique et essayer de s’associer à tout mouvement d’intégration économique régionale ou sous-régionale. Il existe au Burkina comme ailleurs, des organisations multiples, publiques ou privées, des réseaux nationaux et internationaux, qui travaillent autour de ces questions et dans lesquels l’IRJEF cherchera à s’intégrer.



Les premiers chantiers de l’IRJEF

Sensibiliser par les ondes

Hervé  : « Nous pensons très sérieusement utiliser les moyens de communication pour aider à la vulgarisation du droit et à la sensibilisation aux droits de chacun. Bien sûr, la possibilité la plus simple est d’éditer nous-mêmes une lettre que nous serions en mesure de diffuser régulièrement. Mais le meilleur moyen reste inévitablement de s’intégrer dans les réseaux de diffusion de l’information qui existe aujourd’hui : presse et radio. Nous avons déjà pris des contacts avec la presse pour voir dans quelles mesures il serait possible de disposer régulièrement d’une page ou d’une demi- page dans laquelle nous pourrions apporter un éclairage de spécialistes sur les questions d’actualité. Une démarche similaire peut-être imaginée avec la radio, et pourquoi pas des émissions de questions-réponses et de dialogue en direct avec les auditeurs. Et puis, il y a Internet et la mise en ligne des activités et des travaux de l’association pour se faire connaître et également apporter une aide juridique en ligne. L’organisation de forum, peut pour cela être très utile.

Alain  : « L’idée, comme le dit Hervé, c’est de publier des articles dans la presse, et la radio pour formuler une parole et exprimer notre point de vue sur les questions d’actualité et plus largement sur la vision unilatérale du monde que nous refusons. Nous devons évidemment au sein de l’association être en mesure d’organiser une cellule de veille qui sera au fait de l’actualité juridique et financière, du local au global, et qui sera capable d’en débattre à l’interne pour préparer réflexions et propositions sur lesquelles d’autres organismes pourraient également apporter leur éclairage. Evidemment, certains sujets d’actualité déborderont les savoirs qui existent au sein de l’IRJEF et il nous faudra inévitablement prendre contact avec les personnes compétentes et constituer à terme un réseau de personnes ressources intervenant sur des thèmes complémentaires. Nous avons été formés pour être capables d’émettre des avis et d’avoir un regard objectif sur l’actualité. C’est cette compétence qu’il nous paraît important de mettre à disposition de tous, y compris des acteurs du développement, des ONG, des services de l’Etat et des acteurs institutionnels. »


Faciliter l’insertion professionnelle

Hervé  : « Nous pouvons également contribuer à la formation des élèves et étudiants en leur faisant partager notre expérience d’anciens élèves et nos savoirs. Nous pouvons très simplement organiser, auprès d’eux, des modules de soutien et d’appui que nous pourrions dispenser en cours du soir, en complément des modules de formation traditionnels. Le web peut également nous être utile pour mettre ces modules en ligne et donc directement accessibles pour ceux qui ne peuvent assister aux « cours du soir ». Et puis, nous pouvons également servir de tampon entre les futurs professionnels et le monde du travail. Nous pouvons très simplement organiser à l’interne une commission qui disposerait d’un carnet d’adresses des entreprises susceptibles d’accueillir de jeunes stagiaires pour accepter de les former, une commission qui aurait aussi la tâche de veiller au bon déroulement du stage, à son suivi, et à la bonne intégration du stagiaire dans l’entreprise. »

Alain : « Cette dimension est importante car bon nombre des étudiants qui sortent des études supérieures se retrouvent souvent sur le carreau, sans possibilité de trouver un emploi ou en tout cas avec énormément de difficultés pour faire reconnaître la valeur de leur savoir. Certains d’entre eux abandonnent parfois le champ de compétences dans lequel ils se sont engagés pour faire des choses complètement différentes. C’est un manque à gagner pour notre pays, qui voit ainsi des compétences partir aux oubliettes. »


Motiver et accompagner les scolaires

Hervé : « Nous avons imaginé venir en aide aux scolaires du secondaire en organisant de la même façon des modules de formation que nous nous engageons à dispenser en cours du soir, en cours de soutien scolaire, ou en séminaires. Nous avons appelé cette initiative, « les clés de la réussite ». Le constat est simple, nous connaissons chacun beaucoup d’élèves qui sont très intelligents et qui pourtant n’arrivent pas à finir leur année scolaire. La plupart du temps, quand on regarde bien au fond, ce ne sont pas seulement des questions de moyens financiers, mais beaucoup plus des questions de motivations personnelles. Face à la difficulté de trouver un métier après plusieurs années d’études, beaucoup jettent l’éponge prématurément pour s’engager dans des petits commerces, devenir vendeur ambulant, tenter sa chance autrement. C’est ce que nous voulons essayer d’enrailler. En partageant notre expérience avec eux, en proposant du soutien régulier, basé à la fois sur de l’appui scolaire autour des matières classique de l’enseignement et des sessions d’échanges et d’écoute, nous pensons pouvoir aider un certain nombre à rester dans la course. Il faudra évidemment trouver les bonnes clés pour les motiver et les encourager dans ce choix. »

Alain : « Plusieurs contacts ont déjà été pris avec des établissements scolaires, des proviseurs de lycées et collèges. Nous sommes dans la phase de définition précise du projet. Nous espérons pouvoir lancer les premiers soutiens en début d’année 2005, avec un ou deux établissements qui seront prêts à nous suivre pour expérimenter l’initiative. Nous avons aussi également essayé de toucher les centres de formations professionnelles, concernés par les mêmes situations d’abandon scolaire en cours d’année. »


Faire valoir les droits d’accès au soins

Raymond  : « Sur les questions du droit, il nous paraît aussi important d’épauler les populations touchées par les injustices notamment vis-à-vis de l’accès aux soins. Beaucoup de gens ignorent les droits qui sont les leurs quand ils sont confrontés à des situations de maladies très graves, comme le SIDA. Or, ces gens ont des droits. Nous souhaitons leur venir en appui pour les accompagner dans des démarches juridiques et administratives qui bien souvent les dépassent et faire valoir leurs droits. »

Hervé : Concernant le droit à l’accès au soins, il y a beaucoup d’associations qui luttent contre le VIH/SIDA et qui aident à la prise en charge des malades. Nous nous demandons si les personnes qui sont malades connaissent leurs droits. Sur cette question, notre stratégie consistera à lancer, dans un premier temps, un questionnaire, en partenariat avec les organisations qui oeuvrent directement dans ce domaine, pour se faire une idée des « parcours » juridiques des personnes touchées par la maladie. C’est une initiative qui sera complémentaire des actions qui sont déjà mises en place. »


Accompagner les procédures juridiques des particuliers

Raymond : « La même logique est mise en avant également pour accompagner les plus démunis qui ne peuvent, quand ils sont en démêlés avec la justice, s’offrir les services d’un cabinet spécialisé ou d’un avocat. Dans la plupart des cas, quand les procédures traînent ou pourrissent, il s’agit simplement d’erreurs minimes de timbres qui manquent ou de papiers sans signature, qu’un conseil très simple peut enrailler rapidement. Je crois même que nous pourrions à terme devenir un Cabinet-conseil juridique associatif choisissant d’accompagner certains dossiers et qui, en cas de gain de cause pour les « clients », pourrait se voir attribuer un dédommagement que nous pourrions réinvestir dans l’association pour développer nos activités. »


Le mot de la fin
Raymond : « L’IRJEF est encore très jeune et nous n’avons pas encore véritablement réussi à démarrer. Nous cherchons nos marques, c’est pourquoi nous émettons beaucoup d’idées de projets. Notre budget pour l’instant est très limité, nous ne fonctionnons qu’avec les cotisations des membres, cotisation qui s’élève à 10000 fcfa par année. C’est peu, mais tous les débuts sont difficiles et nous savons qu’il faut être patient pour pouvoir s’engager progressivement dans un projet aussi ambitieux. Ca fait partie du jeu. »



Raymond Naon est Président de l’IRJEF, Alain Kam en est le Secrétaire exécutif et Hervé Nébié est Vice-Président chargé des recherches et études.


Compléments :

- Présentation de l’IRJEF par Raymond Naon et Alain Kam - Interview filmée (format WMV - 2Mo) -> télécharger
- Une sélection de fiches d’expériences de la base Dialogues pour le Progrès de l’Humanité rédigées par le réseau Juristes Solidarités ->consulter


Ouagadougou - Burkina Faso, le 21 août 2004.




Traversées - http://www.traversees.org
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