Le Forum social africain et son petit frère sénégalais

Deux des piliers de l’animation du Forum social africain et du forum sénégalais se trouvent à Dakar au Sénégal. Profitons-en ! Allons leur demander ce qu’il en est de cette mise en scène du débat public, de cet espace qui permet aux forces de construction de la société civile de mieux agir sur les mutations du continent africain par la voie du dialogue et de l’échange.


« Un autre monde est possible ». Voilà la maxime qui bat la mesure du forum social mondial depuis sa naissance et qui rythme depuis maintenant trois éditions le forum social du continent africain. Utopie, urgence, ou opportunité ? Les trois probablement ! Pour relever cette noble intention, les forums sociaux se sont constitués en mouvement, en élan, en processus de rassemblement invitant à leur bord les personnes, les organisations, les collectifs, bref, les composantes de la société civile autour de l’invention d’alternatives face au modèle néo-libéral. Plus encore, les visées du forum ne se limite pas à contrer l’accélération néo-libérale : elles concernent aussi plus largement l’ensemble des mutations auxquelles les citoyens sont confrontés au coeur de leur société et sur l’ensemble de la planète et traduisent incontestablement le désir de faire communauté au niveau mondial.





Coup de zoom sur le forum social africain avec Taoufik Ben Abdallah chargé du secrétariat du forum à Environnement et Développement du Tiers Monde (ENDA) sur Dakar.



C’est le succès du forum social mondial qui a entraîné dans son sillage la naissance du forum social africain. Nous avons constaté que l’Afrique était peu présente, que nos revendications étaient peu représentées dans le forum social mondial et nous souhaitions être réellement partie prenante. Voilà comment se sont agrégés les premiers acteurs du forum social africain.

A partir de là s’est crée un espace ouvert, qui n’est ni une organisation, ni un réseau mais un processus libre de dialogue, de recherche de convergences et d’élaboration de propositions encadré par les principes énoncés dans la charte des principes du forum social mondial. Désormais, chaque année un certain nombre d’acteurs se rencontrent autour de leur préoccupations pour échanger leur expériences, apprendre les uns des autres, mettre en commun leur perception des enjeux du continent et chercher à articuler les messages des acteurs africains au niveau du forum social mondial.

Le format du forum propose des débats orientés sur des thématiques définies par le comité d’organisation et une partie alimentée et définie par les participants eux-mêmes.


N’y a t-il pas un défi majeur à organiser et structurer tout cela ?

Oui, bien sûr ! Le premier enjeu, c’est de réunir davantage d’énergies et de renforcer les convergences. Comment parvenir à mieux relier les acteurs entre eux ? Comment recueillir une plus grande diversité d’acteur et donc construire une parole plus forte, plus interpellatrice ?
Le deuxième enjeu, c’est de mieux savoir comment nous définir et prendre en compte la diversité des acteurs pour assurer une représentativité plus équilibrée des débats. Il nous faut aussi rendre plus visible le contenu des débats et les structurer, faire circuler et organiser les informations.
Le troisième enjeu, c’est de pousser ceux qui n’ont pas la parole à venir s’exprimer et aussi de convaincre les structures déjà présentes d’entendre le message des minorités et de leur laisser une place suffisante. Nous souhaitons créer des liens plus forts avec toutes les organisations du Sud. Le forum ne leur appartient pas encore suffisamment.

L’invention de cet espace démocratique entre dans le jeu des relations qui existent entre les acteurs africains et ceux du nord. Et ce jeu est parfois ambigu : il offre parfois autant d’opportunités que de difficultés. Certaines organisations de par leur expérience et leur capacité, ont une envergure qui fait de l’ombre aux débats du forum social africain. Il nous faut inventer des mécanismes de coordination et clarifier le jeu des acteurs vis à vis de cette nouvelle forme d’organisation.

En outre, nous devons faire en sorte d’être davantage présent dans le comité d’organisation du forum social mondial et également parmi les multiples ateliers.

Les partenaires du forum sont aujourd’hui la Coopération française, Novi, Oxfam, le Syndicat National des Enseignants du Supérieur (SNES), l’Institut Panos, Action Aid, Christian Aid, World Church Council et Développement et Paix.

Notons les pays d’Afrique qui se sont lancés dans l’animation d’un forum social à l’échelon national : le Cameroun, les deux Guinées, le Sénégal, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Kenya, la Somalie. L’Egypte, le Mozambique et l’Ethiopie préparent quant à eux leur premier forum.

Nous voudrions faire du prochain forum social africain le plus grand rassemblement des peuples en Afrique ! Le forum est prévu pour décembre 2004 à Lusaka en Zambie. Alors à vos agendas et n’hésitez pas une seconde ! Vous êtes les bienvenus !



Quelques compléments :
- le site web du Forum social africain
- contact : taoufik@enda.sn






Coup de zoom sur le Forum social sénégalais avec Miniane Diouf chargé du secrétariat du forum au Conseil des organisations non-gouvernementales d’appui au développement (CONGAD) de Dakar.



Le forum social sénégalais s’en tient aux mêmes principes que le forum social africain. Simplement, nous nous demandons comment renforcer la dynamique du forum continental. L’idée qui court est de lancer un forum à l’échelle sous-régionale, pourquoi pas au Ghana ou en Côte d’Ivoire : ce niveau de débat permettrait de rassembler encore mieux les acteurs car ce qui fait défaut malgré tout aujourd’hui. Mobiliser plus largement et relier les acteurs. Ce sont les objets de discussion qui émergent du forum qui nous le disent : les mutations identifiées sont des mutations que tous les acteurs devront conduire. Elles sont transversales.

Ce qui est intéressant, c’est de voir comment le forum social sénégalais est né ici. En revenant du forum social mondial de Porto Alegre de 2002, les participants sénégalais ont fait une restitution des échanges. Ces différents moments de rencontres ont amené un certain nombre d’organismes à constituer un groupe restreint de coordination du forum sénégalais. La première édition a eu lieu sur trois jours en décembre 2003 avec environ 270 participants. Nous avons fait en sorte d’avoir au moins quatre représentants par région du Sénégal et de diversifier la nature des participants. Les thèmes prédéfinis étaient notamment : la privatisation des services et des entreprises publiques, la santé et le Sida, les conflits et la construction de la paix.

Par la suite, une délégation sénégalaise s’est rendue au forum de Mumbaï en Inde et a également proposé une restitution. On s’aperçoit que ce retour contribue à renforcer le mouvement national et qu’il permet d’enrichir les idées.


Quels sont les enjeux pour le prochain forum ?

Il nous faut consolider les acquis, poursuivre les réflexions et continuer à mobiliser les acteurs sénégalais. Un bon moyen serait de se promener un peu partout au Sénégal, d’évoquer ce qui se vit et ce qui se dit dans les différents forums mondiaux et sénégalais et à partir de cela, d’inviter les gens à participer.

Consolider notre secrétariat, disposer d’outils de mutualisation des informations sont aussi des priorités.


Prochain rendez-vous :
- novembre 2004 : 2ème édition du forum social sénégalais à Dakar



Quelques compléments :
- l’interview filmée de Miniane Diouf (français - durée 6 min - format WMV - 8 Mo) -> télécharger
- contact : senegalforum@yahoo.fr ou congad@sentoo.sn




Dakar - Sénégal, le 22 juin 2004






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