Dans la caverne de Baba Diarra

Nous voici presque devant la caverne d’Alibaba ! Il s’appelle Baba Diarra. Ce jeune tient un petit magasin rempli d’étoffes de tissus, de boîtes de sardines et de sacs de riz dans le quartier Koura de Bamako.



Ce dimanche matin, nous partons acheter du pain et quelques boissons dans le quartier Koura de Bamako, la capitale du Mali. La soirée d’hier a été très pluvieuse car nous sommes maintenant entrés dans la saison des pluies du continent africain. Cette saison s’appelle l’hivernage ici. Hier il est tellement tombé d’eau pendant deux heures que les rues faites de terre battue étaient inondées et que nous étions obligés de marcher dans vingt centimètres d’eau !!! Ce qui nous a frappé, c’est que personne ne paniquait et ne s’inquiétait. Pourtant il y avait beaucoup d’eau ! Les gens semblaient heureux et s’amusaient de se voir patauger dans l’eau !!

« Anissogoma ! » nous dit Bacary, posté derrière le comptoir de sa petite boutique. Cela signifie « bonjour » en langue bambara, une des langues parlée au Mali.

« Bonjour ! Aurais-tu du pain et du jus d’ananas dans ta boutique ? »

« Oui, bien sûr ! Vous êtes français non ? »

« Oui, nous sommes trois français : François, William et Oscar et nous venons d’entrer au Mali pour découvrir le pays et ses habitants. »

« Voilà ! Tout est là ». Baba enveloppe soigneusement les articles dans un sachet plastique. Il nous rend la monnaie et nous offre un sourire épanoui. Deux de ses frères, des amis et des clients viennent d’entrer dans le magasin. Il nous présente joyeusement à tout le monde puis il commence spontanément à nous raconter de ce qu’il fait à Bamako.

« On me surnomme ’Baba’ parce que mon grand-père s’appelait aussi Bacary. J’ai 13 ans. Je travaille ici dans cette boutique le samedi et le dimanche. La semaine, je suis à l’école. Comme ce sont les vacances en ce moment au Mali, je travaille ici tous les jours de 6h à 11h du soir ! Je me lève très tôt en fait car je suis musulman et je fais ma première prière à 5h du matin. Je fais les quatre autres prières à 5h30, à 14h, à 16h et à 18h.


Tu te plais ici ?

J’aime bien travailler ici parce que je vois beaucoup de monde. Les voisins sont sympathiques et gentils. Nous discutons beaucoup. Au Mali, c’est dans notre culture de passer des heures à se parler. Mais je suis parfois fatigué et j’aimerais mieux passer plus de temps sur mes devoirs d’école. Je vends un peu de tout ici : le riz tout d’abord, tout le monde en a besoin ici. C’est notre base alimentaire. Il y a aussi du thé, du lait en poudre, du café, des produits de beauté et toute sorte de tissus. J’apprécie beaucoup les tissus et je travaille fréquemment avec le voisin qui lui est couturier. »



Baba interrompt la conversation pour découper un morceau d’étoffe au ciseau pour son voisin couturier qui a demandé 4 mètres de tissu en coton pourpre.







« J’ai une grande soeur, Haoua, une petite soeur, Alimatou, et trois frères : Mamadou, Draman, Madou et un autre demi-frère qui s’appelle Sidi.



Voici Mamadou et Sidi.




Vous savez qu’en Afrique, les hommes peuvent avoir plusieurs femmes et mon père a choisi d’avoir une seconde épouse. Nous nous entendons très bien dans notre famille.
Je vais à l’école fondamentale Niamako « A ». L’école est gratuite. Heureusement car nos familles n’ont pas beaucoup de moyens pour prendre en charge notre scolarité. Devinez-combien nous sommes par classe ?

Quarante ?

Beaucoup plus. Nous sommes cent six !
Je viens de finir ma septième et en octobre prochain, je commencerai ma huitième. Cela correspond à la 4ème de collège en France. Nous faisons de l’anglais, du français, des mathématiques, de la physique et de la chimie, de l’histoire-géographie. Toutes les matières m’intéressent ! Je fais du foot aussi ! Ce qui est dommage, c’est que les professeurs sont souvent en retard sur les horaires de classe. En particulier le soir. Cette année, j’avais cours l’après-midi et le soir. L’année prochaine ce sera le contraire : nous aurons classe le matin.

Que voudrais-tu faire ensuite ?

J’aimerais continuer ensuite jusqu’à l’université et devenir commerçant pour travailler dans le monde entier. Mon rêve ce serait d’aller continuer mes études à Paris en France. J’ai vu comment est votre capitale à la télévision et j’ai été fasciné ! Si un jour je vais à Paris, j’espère que je verrai les parisiens heureux comme vous parce que vous avez l’air d’être heureux tous les trois !

Qu’espères-tu pour la planète entière ? Que voudrais-tu qu’elle devienne ?

Bon. Je n’ai pas encore rêvé des choses pour le monde entier. Mais j’aimerais qu’il aille bien ! Tout simplement. »



Au revoir Bacary !



Bamako, le 19 juillet 2004





Mots-clés

Aire géo-culturelle: Afrique de l’Ouest
Catégorie d’acteur: Commerçant ou artisan - Jeune
Domaine d’action: Commerce - consommation - Culture - art - Education - formation - Santé - alimentation
Itinéraire de vie: Curiosité - découverte - Engagement et volonté